Un polype nasal ou muqueux est une excroissance bénigne qui se développe aux dépens de la muqueuse nasale ou des sinus de la face. Ces polypes se retrouvent principalement dans la polypose naso-sinusienne, forme de sinusite récurrente qui, bien que sans gravité, peut être très gênante.
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Anatomie et physiologie d'une polypose nasale
Les sinus de la face sont des cavités remplies d'air creusées dans le massif facial. Elles s'ouvrent dans les fosses nasales. Les sinus sont au nombre de quatre paires, réparties de part et d'autre du nez : les sinus maxillaires, les sinus frontaux, les ethmoïdes et, beaucoup plus en arrière, les sphénoïdes. Les sinus et les fosses nasales sont tapissés par une membrane respiratoire.
La polypose naso-sinusienne ou polypose nasale est une forme de sinusite chronique qui atteint les fosses nasales et les sinus de la face via une dégénérescence inflammatoire de la membrane.
Son origine est mal connue, mais des facteurs de risque ont été identifiés comme les infections répétées du nez et des sinus ainsi que les rhinites allergiques.
Cette maladie bénigne et fréquente concerne 4 % de la population française et peut apparaître à tout âge. Elle peut être associée :
- à de l'asthme (25 % des polyposes nasales) ;
- au syndrome de Fernand Widal (10 % des polyposes nasales) qui associe une polypose nasale, un asthme et une intolérance à l'aspirine (déclenchement d'une crise d'asthme ou d'un œdème du visage et/ou respiratoire)
En l'absence de soins, les polypes tendent à se développer dans l'ensemble des cavités nasales et génèrent une obstruction totale avec perte d'odorat définitive et des sinusites à répétition.
Polype muqueux : diagnostic
L’évaluation, faite par l'ORL (oto-rhino-laryngologiste), repose sur l'interrogatoire et la fibroscopie des narines. Les symptômes sont faciles à repérer, ils associent :
- une sensation de nez bouché (obstruction nasale) ;
- une perte d'odorat ou anosmie ;
- un écoulement des narines (rhinorrhée) et des éternuements.
La fibroscopie ou endoscopie des narines permet de confirmer la présence de polypes translucides diffus et bilatéraux dans les fosses nasales. Elle est réalisée au moyen d'un fibroscope. C'est une opération qui peut être désagréable, mais pour éviter toute douleur elle peut s’effectuer sous anesthésie locale. Vous pouvez aussi favoriser la détente, diminuer le stress et minorer la douleur en respirant de l'huile essentielle de lavande fine et/ou de menthe poivrée avant cet examen.
Un scanner des sinus de la face est souvent demandé afin d'évaluer l'extension de la polypose et d'éliminer une autre pathologie. De surcroît, lorsqu'une chirurgie est envisagée, il permet de bien visualiser l'anatomie des cavités naso-sinusiennes.
Des explorations fonctionnelles respiratoires sont parfois réalisées pour rechercher une hyperréactivité bronchique.
À noter : les autres causes de polype muqueux demeurent rares. Certains signes d'alarme comme une vision double, une douleur violente de la face, des saignements de nez répétés ou encore la présence de polypes localisés ou unilatéraux doivent faire rechercher une cause tumorale ou infectieuse.
Traitement d'un polype muqueux
Le traitement de la polypose nasale est avant tout médicamenteux, c'est un soin de fond qui doit être prolongé pendant des années, parfois à vie. Il comporte :
- des lavages de nez quotidiens au sérum physiologique ;
- des corticoïdes locaux en spray nasal qui permettent de réduire les polypes ;
- une corticothérapie par voie générale (orale) peut devenir nécessaire lorsque l’intervention locale est insuffisante, en cures courtes réparties dans l'année.
Bon à savoir : La prise répétée et prolongée des corticoïdes oraux peut avoir des conséquences néfastes sur la santé. Les corticoïdes locaux en revanche n'exposent pas à ces risques.
L'arrêt du tabac est impératif afin d'éviter tout facteur irritant pour la muqueuse nasale.
En cas de syndrome de Fernand Widal, le traitement s'associe à une éviction totale des anti-inflammatoires non stéroïdiens (comme l'aspirine et l'ibuprofène).
En cas d'échec de l’intervention médicamenteuse, l' oto-rhino-laryngologiste peut décider avec le patient d'une chirurgie de réduction des polypes. C'est une chirurgie endoscopique (par caméra), réalisée sous anesthésie générale au cours d'une courte hospitalisation.
Il a par ailleurs été montré que le dupilumab (un anticorps monoclonal à activité anti-IL 4 et anti-IL 13 également indiqué dans l’asthme sévère et la dermatite atopique) constituait un soin additionnel aux corticoïdes, efficace en cas de polypose sévère insuffisamment contrôlée par corticothérapie systémique et/ou chirurgie. Une analyse révèle que sa prescription, en association à une corticothérapie locale, peut :
- diminuer d’un tiers la taille des polypes ;
- diminuer de moitié le score de sévérité de la congestion nasale ;
- diminuer d'un tiers le score d’opacification des sinus au scanner ;
- améliorer significativement l’odorat des malades par rapport au placebo.
Cet effet positif a été relevé dès la première semaine d’intervention.
Source : Congrès digital de la Société française d’ORL (10 et 11 octobre). D’après la communication de Joaquim Mullol, et al. Université de Barcelone, Espagne.
Surveillance de la polypose naso-sinusienne
La surveillance est régulière et se fait sur le long terme. Elle repose sur l'évaluation de l'efficacité et de la tolérance de la cure à l'interrogatoire et à la fibroscopie nasale.
En conclusion
- Un polype muqueux est une tumeur bénigne du nez qui peut obstruer les sinus et causer une sinusite chronique gênante, appelée polypose naso-sinusienne.
- Fréquente, cette pathologie bénigne touche la membrane des fosses nasales et des sinus. Elle provoque ainsi une inflammation chronique et la formation de polypes.
- Non traitée, elle peut obstruer les cavités nasales et causer une perte d'odorat ou une anosmie.
- L’évaluation d'une polypose nasale est réalisée par un ORL via un interrogatoire et une fibroscopie des narines. Ces opérations permettent de confirmer la présence de polypes.
- Le remède d'un polype muqueux est d'abord médical, avec des lavages nasaux, des corticoïdes locaux et parfois oraux. La chirurgie est envisagée en cas d'échec du traitement. Parmi les options pour les cas sévères : le dupilumab.